une journée à Delhi, une journée à Bénarès
J'ai longtemps hésité, me demandant si j'allais vous faire le compte rendu du Gujarat en premier ou bien celui-ci.
Et puis voilà, comme tous mes souvenirs de ce long week-end sont encore bien présents, et que j'ai hâte de tout vous raconter, j'ai décidé de commencer par mon voyage du 10 au 15 avril. Vous pouvez vous situer sur la carte puisque je viens de la mettre à jour.
Jacques, Valérie et les enfants étant partis pour Hong Kong mercredi, c'est dans une maison vide que je m'endors, 2 nuits d'affilée. Mon sac est prêt. Je n'ai plus besoin de réfléchir à son contenu potentiel, c'est devenu un automatisme... et comme je sais que vous êtes très curieu(ses)x, dans mon sac il y a : du papier toilette (très très important, les indiens n'utilisant qu'une petite douchette ou un petit sceau d'eau), anti moustique, chargeur de portable, drap, serviette, vêtements et affaires de toilette, smecta et efferalgan au cas où, et me voilà partie. Bien entendu, guide touristique, passeport et appareil photo se trouvent dans mon sac à main en vrac avec quelques stylos, un cahier de cours, portable, argent et élastiques.
Ready, steady, go ! Aucun problème à l'aéroport, un bont petit déj' dans l'avion (qui remue beaucoup et nous fait un atterrissage tout en... secousses) et me voilà à Delhi ! J'appelle Manuj, rentré chez lui depuis quelques jours, je l'avais prévenu de mon arrivée. De plus, Amman et Valentina devraient l'avoir rejoint. Il me propose de le retrouver dans un grand centre commercial où je me rends donc. Celui-ci n'ouvrant qu'à 11h et Manuj n'arrivant que plus tard, je m'assieds sur un muret au milieu de palmiers et, sous l'air ébahi du gardien, ouvre mon cahier, allume mon ipod, et m'attelle à retranscrire des cours de littérature américaine.
Yes, I do like locked doors/oui, j'aime les portes fermées
les anglais ont laissé une trace de leur passage au fort rouge/English left a trace of their stay at the red fort
Manuj arrive enfin, le train de Amman et Val a eu 5h de retard et ils n'arriveront donc que plus tard. Nous faisons un tour dans les magasins, buvons un chocolat chaud chez Coffee day puis, Manuj décide de jouer les guides touristiques et nous prenons donc le métro direction Old Delhi.
Visite du fort rouge et lunch dans le restaurant au coeur de celui-ci. Groupement de très jolis bâtiments, le parc est très calme (lorsque les hordes de touristes s'éloignent). L'architecture peut faire penser au Taj Mahal :p malgré ce qu'a pu dire Manuj !
La page narcicrologique du jour : En ce 10 avril 2009, alors que je la porte intensivement depuis 3 mois tous les jours sans faillir, ma chaussure droite est morte d'un déchirement de l'entre-orteil. Paix à son âme !
C'est donc parti pour une course à la paire de chaussures ouvertes, plates, simples mais pas trop, sans paillettes! Introuvable sur un marché indien... "This is gold !" " I have silver if you prefer" o_o'... "Without heels ??? I don't have!" "Simple please. No! That's too simple!".
Non, je ne suis pas compliquée -ou peut être un petit peu- mais les chaussures en plastique ou fifilles-dorées-talons-brillantes, c'est hors de question! Surtout en Inde, sur les routes poussiéreuses et cabossées, je me vois bien en talons (et là, j'imagine Didier, plié en deux au doux souvenir de Sophie -moi-même- portant ses chaussures blanches, neuves pour aller l'aider au poulailler, un lendemain de pluie battante... sans commentaire!).
La chasse n'étant pas fructueuse, nous partons à la gare, non sans avoir dégusté une minuscule glace dans mon premier MacDo indien.
A la gare, nous apprenons que mon train a 2h de retard (ooh quelle surprise!). Nous pensons donc rejoindre Amman et Val à New Delhi centre mais malheureusement, ils vont rester à l'hôtel avec les parents de Val.
Néanmoins, à New Delhi, j'achète.... un collier et un bracelet à un vendeur ambulant (parce que ça, ça me permet d'être fifille tout en marchant correctement!), puis nous passons devant une toute petite boutique et là... Ô merveilles, Ô majestueuses ! En vitrine (ceci veut dire clouées au mur) sont exposées les chaussures de mes rêves ! Des sandales de cuir, plates, souples, pratiques et élégantes, elles sont également bon marché (et non! je ne les vends pas!). Mes pieds les adorent!
C'est reparti en direction de la gare. Je fais mes adieux à Manuj (non, pas d'embrassades larmoyantes enfin, nous sommes en Inde au milieu d'indiens!).
Il faut savoir que, voyageant en sleeper class, je ne rencontre que des indiens (et j'en suis d'ailleurs très contente, car je n'ai pas toujours l'occasion de discuter avec eux!) ; et malgré toutes les recommandations des différents guides et forums, je n'ai encore jamais passé un trajet sans que l'on ne m'offre à manger. J'ai toujours accepté (je n'ai jamais de nourriture avec moi...) et n'ai jamais été endormie, empoisonnée ni même malade. Cette fois-ci n'a pas été une exception.
Brahmanes, sur les ghâts/brahmanes on the ghats
C'est dans un premier temps une pâtisserie que l'on m'offre, enfin je dirais plutôt des beignets afin de me faire goûter à de l'indien (ça les a d'ailleurs beaucoup fait rire). Gélébi, Gélépi, Gélévi, peu importe son nom exact, je sais bien le demander ! C'est devenu ma sucrerie indienne préférée (la seule que j'apprécie à vrai dire... c'est une sorte de friture, sucrée tout ce qu'il y a de bien pour ma ligne). A environ 1rp/pièce, on ne peut s'en priver !
Je m'endors en compagnie d'une famille, et me réveille entourée de policiers! Non, mon ticket ne date pas de la veille, une fois suffit. Je suis juste... bien entourée. La dernière fois, en compagnie de 10 soldats et cette fois-ci, de 4 policiers se rendant à Bénarès afin d'assurer la sécurité pour les élections du 16 avril.
Nous discutons joyeusement. Ils sont très sympathiques, parlent et rigolent fort et leur compagnie est agréable ! Ils partagent leur "petit déj" avec moi, si l'on peut appeler ainsi les chapatis et légumes que j'avale beaucoup plus facilement que je ne l'aurais cru il y a 3 mois de cela.
A Bénarès, également appelé "Kashi" (l'ancien royaume se situant sur l'autre rive) et "Varanasi" (réunion des deux rivières formant ce mot et le Gange), je dois retrouver Nico, avec qui je suis rentrée en contact grâce au voyageforum afin de ne pas être seule dans cette ville mysthique. Il m'avait appelé pour me donner le nom de sa guesthouse, et j'appelle donc l'un des employés qui viendra me chercher à la gare.
Premières impressions, Varanasi est le stéréotype parfait de l'Inde vue par les européens. Sale, bruyante, pauvre avec des rickshaws déglingués... De nombreuses petites rues sales offrent l'opportunité aux vaches de s'y promener à loisir. Nous traversons tout un dédale de ruelles et arrivons enfin à la Mishra guesthouse. Les chambres sont simples mais bien tenues et à des prix imbattables.
Au 4ème étage, sur le toît, se trouve un restaurant offrant une belle vue sur le Gange. Mais c'est surtout le repère des routards. Je rencontre donc Nicolas avec qui j'avais déjà longuement discuté, et Shane, irlandais, voyageant également en solitaire pour 3 mois. Après un court lunch (ils n'ont pas de poulet), nous allons nous balader sur les ghâts. La guesthouse se situe juste après les crémations et j'assiste donc à ma première "cérémonie" de crémation.
Je ne vous cacherais pas que ça m'a bien retournée. Je m'y étais préparée, je savais ce qui m'attendait là-bas. Je n'ignorais pas que les hindhus considèrent la mort comme un "bienfait" et qu'un corps n'a aucune importance mais.... je pensais, ou plutôt j'espérais néanmoins qu'ils avaient plus de respect pour leurs morts. La crémation est un business. La vie d'un indien n'est que business. La famille arrive (généralement uniquement composée d'hommes), portant le corps enroulé dans du tissus plus ou moins somptueux (du vieux draps au beau tissu coloré, emmailloté de nombreux carrés de tissu religieux). Le corps est plongé dans l'eau du Gange, purifié. La pesée du bois, plus ou moins cher selon le type choisi, est effectuée, le corps placé sur un "bûcher" si j'ose dire et les longs et lourds morceaux de bois littéralement jetés sur lui. Ils utilisent les braises d'une crémation voisine, encore incandescente afin de l'allumer et le regardent brûler, des heures durant.
Un pied fait surface, le drap voletant laisse deviner un visage qui reste gravé dans ma mémoire, celui d'un homme aux cheveux grisonnant. 24h/24, 7j/7, peut être l'entreprise la plus efficace de l'Inde... de nombreux feux sont là. 6 je pense, peut être plus.
Encore une fois, nous parlons de business ici. Un indien voit mon appareil, éteint bien entendu, et me dit "no pictures madame please". Pourtant, le lendemain, ce même homme, alors que nous rentrions à la guesthouse, me montre le balcon d'une maison abandonnée ... "you can take a picture from there". Il me vendait littéralement la photo des crémations. J'ai bien entendu refusé, m'énervant un peu contre lui.
Nico
Je suis désolée pour les hindhus qui peuvent lire ce récit. Je ne tiens pas à critiquer cette religion, que l'on soit bien clair. Simplement à exprimer les différentes émotions face à ce spectacle si différent de ma propre culture. Après réflexion, si j'y pense en tant que "vivant" dans ce pays, cela n'a rien d'étonnant. Pouvoir faire la différence entre touriste et expatriée. Même si c'est pour une courte durée.
Lorsque je ne supporte plus la vue de ces foyers incandescents, je demande aux garçons de continuer notre chemin. Alors que Nico et moi suivons les ghâts, Shane part à la recherche de l'orphelinat.
Nico et moi discutons avec des brahmanes. A ce propos, mises à part ces photos-là, proches car nous avons sympathisés, vous remarquerez que toutes les photos de brahmanes ont été prises à la volée. Ils ne sont en effet pas 'fondus' de photos et ont la fâcheuse tendance à demander de l'argent après avoir accepté d'être pris en photo.
Après cela, nous nous perdons dans les petites, lesquelles sont très calmes puisque nous sommes passés par un passage inconnu des touristes. Là, dans une des rues, un gamin très sympa tient un stand de pierres et de babioles en tout genre. Je lui achète des jolies boucles d'oreilles ainsi que deux pendentifs, des pierres : un oeil du tigre et une turquoise. Je ne me fais pas d'illusion quant à leur authenticité, mais elles sont très jolies, très bien imitées. Couplées avec une roche pour Nico, nous en obtenons un bon prix : 200rps chacun, soit moins de 3€.
Nous continuons notre route qui croise celle d'un magasin (zut!) où l'on trouve des bâtiks très bon marché, un pantalon et une tunique pour moi. Le vendeur est encore ici très gentil, les prix sont fixes et bas.
Nous finissons quand même par rentrer, Nico devant retrouver des personnes qu'il a rencontrées hier afin d'aller assister tous ensemble à la "prière au Gange", en barque.
Je rencontre donc Narda, anglaise, et Paul, allemand, tous deux voyageurs solitaires pour 2 et 3 semaines.
Nous trouvons notre bâteau et son propriétaire, il faut dire que le choix ne manque pas, à longueur de journée, tous les 2mètres, ce ne sont que des "Hello! Boat?". Nous payons 50rps/personne pour 1h.
Le spectacle est intéressant, les touristes très nombreux à observer la cérémonie depuis leur bâteau et il y a donc presqu'autant de trafic sur le Gange à 17h qu'à Chennai vers 9h !
Ramou (je crois que c'est son nom, le batelier) nous propose de ramer. Les garçons s'en sortent plutôt bien mais j'ai pour ma part tendance à ne me concentrer que sur une rame... Ramou vient à ma rescousse et nous ramons à 2.
Alors que Narda et Nico rentrent à la guesthouse, Paul et moi partons à la recherche d'un cybercafé, que nous ne tardons pas à trouver. De retour à la guesthouse, nous grignotons un morceau (toujours pas de poulet) et discutons ensemble de la journée du lendemain.