quelques éclaircissements
Chantal, les ghâts sont tout simplement les escaliers qui descendent vers un fleuve ou une rivière, permettant d'aller au contact de l'eau. On les trouve donc tout le long du Gange, épousant la forme de la rivière.
C'est ensuite à une question que je me suis posée que je vais répondre... Je me demandais, si tous ces hommes saints habillés en orange, les cheveux et barbes longs, étaient bien des brahmanes, comme nous avions l'habitude de les nommer.
Eh bien non ! Certains, et uniquement certains, étaient des brahmanes. A savoir des prêtres, des hommes très respectés et très éduqués qui font partie de la plus haute caste en Inde. Ce sont finalement les personnes les plus respectées en Inde. Généralement tout de blanc vêtus, les brahmanes sont les intermédiaires entre l'homme et les dieux.
Mais alors, qui étaient ces hommes de orange vêtu ? Certains des imposteurs, et pour la plupart, des sadhûs.
Les sadhûs représentent 0,5% de la population indienne (environ 5 millions). Certains sont dès leur naissance des saints, d'autres choisissent de le devenir en coupant tout lien avec leur famille. Les sadhus sont hindouistes et choisissent de vivre une vie de sainteté afin d'accélérer le processus de libération de l'illusion, à savoir, ne plus subir de réincarnation à la fin de sa vie.
Ils vivent de ce que la population leur donne et ne possèdent que très peu de choses. Ils s'habillent toujours d'un longhi (sorte de draps noué en dessous de la taille) et d'une tunique. Leurs habits sont oranges ou jaunes et blancs suivant quel Dieu ils vénèrent (orange pour Shiva et jaune et blanc pour Vishnu).
Les sadhûs s'imposent une multitude de choses durant leur vie. Cela va des simples méditations, mantras, abstinence sexuelle, aux voeux de rester des années sur une même jambe ou autres pratiques.
L'un de ces sadhûs avec qui nous avons discuté se décrivait ainsi : "I have no family, no home, I'll never have a wife, it's just gods and me". Il faisait voeu de silence 4 jours par semaine. 4 jours pendant lesquels ils disaient observer le monde qui l'entourait, réfléchir à sa condition, c'était sa façon à lui de prier.
Certains sadhûs consomment rituellement du haschich, comme Shiva le fait. Cette pratique est autorisée par les autorités, mais uniquement rituellement. La consommation de haschich est puni par l'Etat indien.
C'est d'ailleurs très intéressant car c'est à Varanasi, que l'on m'a demandé si je souhaitais acheter du haschich, pour la première fois, et ce plusieurs fois (pour la petite anecdote...).
A propos de Varanasi justement...
Varanasi, Bénarès, Kashi ... trois noms pour une même ville, "la ville religieuse la plus visitée chaque année" déclarent les indiens avec fierté. Est-ce la vérité ? Je ne sais pas. Ma traduction n'est pas réellement exacte puisque ce qu'ils disent est en fait "1st holy place in the world"...
Le nom Varanasi vient des deux affluents du Gange : Varuna et Assi. Ville de l'Uttar Pradesh, elle concentre pas moins de 3 millions d'habitants et est complétement dédiée à Shiva.
C'est le rêve de tout hindou de venir une fois dans sa vie se baigner, se purifier dans l'eau du Gange à Varanasi. S'ils pouvaient y mourir, ce serait encore mieux !
Cette ville ne tourne finalement qu'autour du Gange, Gangâ... les cheveux de Shiva. La dispersion des cendres dans ce fleuve apporterait une meilleure vie future. Et qu'en est-il des cadavres jetés à l'eau alors ?
Qu'en est-il de ce fardeau, ligoté à une grosse pierre sans aucun respect pour ce corps, balancé dans les eaux sans réaction de quiconque sinon un cri étouffé de ma part ? Pourquoi lui n'est-il pas brûlé auparavant ? Des questions sans réponses.
Voici alors des chiffres et des faits...
Sur 7km, 30 égouts déversent leurs déchets dans le Gange. Mais la rivière est si vive, si rapide, qu'elle nettoie... les pêchés.
On estime que chaque jour le Gange reçoit les restes de quelque 475
cadavres humains ainsi que de 1 800 tonnes de bois utilisées pour les
crémations, auxquels s'ajoutent les 10 000 carcasses d'animaux qui y
sont abandonnées.
Il a été aussi opéré à des lâchers de milliers de tortues nécrophages
pour que celles-ci puissent dévorer les cadavres insuffisamment brûlés,
mais les reptiles ont été capturés et consommés par les riverains
pauvres.(wikipédia) Non, ce n'est pas "gore", c'est la réalité.
Le taux de coliformes fécaux aux alentours de Varanasi est de 1,5 million d'unités par décilitre, le maximum autorisé étant de 500 unités.
Le Gange possède cependant des capacités d'autoépuration (ou
autodépollution) conséquentes, c'est-à-dire que par l'action des
bactéries et le transfert d'oxygène depuis l'atmosphère par la surface
du fleuve, une grande partie de la pollution organique peut être
éliminée en quelques kilomètres.
A Varanasi, les hindous se baignent dans le Gange, meurent dans le Gange et boient l'eau du Gange. Ils sont conscients que l'eau est sale mais elle est pure. En effet, un indien nous affirme que si l'on garde dans une bouteille de l'eau du Gange pendant des années, il n'y aura aucune bactérie, contrairement à tout autre eau.